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Colloque : L’extrémisme et les forces armées

23 mars 2022

P. M. Berger propose la définition suivante du terme extrémisme : « [il] renvoie à la croyance que le succès ou la survie du groupe dont on fait partie ne peuvent jamais être séparés de la nécessité d’une action hostile contre un autre groupe. Cette action doit faire partie de la définition du succès du premier groupe. Les actes hostiles peuvent aller d’attaques verbales ou d’infériorisations jusqu’à des comportements discriminatoires, de la violence et même jusqu’au génocide. » (Berger, 2018, p. 39) Dans le cas de l’extrême droite, il s’agit souvent de la conservation d’un héritage, par exemple ethnique, culturel ou national, l’une des conséquences les plus radicales de ce type d’idéologie étant le recours à la violence.

Cela fait déjà longtemps qu’il existe une relation entre les systèmes de sécurité étatiques et l’extrême droite. L’armée, la police et les services secrets de nombreux pays ont été à divers moments infiltrés ou même ouvertement associés à des mouvements d’extrême droite. Le cas le plus célèbre et le plus grave est certainement celui de l’Allemagne nazie où l’intégration a atteint un degré exceptionnel jusqu’aux niveaux les plus élevés de leadership et de commandement – avec les conséquences qu’on connaît. Plus près de nous, l’actuel président du Brésil a professé ouvertement des idées d’extrême droite en 2011 lorsqu’une commission chargée d’enquêter sur les crimes de la dictature militaire qui a pris fin en 1985 a été mise en place par le gouvernement brésilien de l’époque. « [Jair] Bolsonaro, sentant monter la colère des quatre étoiles, s’érige en champion du camp anti-Commission. Multipliant par dizaines ses interventions sur le sujet, il évoque les ‘vingt années de gloire’ de la dictature où le peuple ‘jouissait de la pleine liberté et des droits de l’homme’, et n’hésite pas à rendre hommage au ‘héros national’ de l’époque, le colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, l’un des principaux tortionnaires du régime. » (Meyerfeld, 2020)

Dans un état de droit, l’armée est subordonnée au pouvoir politique et ne fait usage de la force que dans les limites fixées par le gouvernement légitime. Il n’en demeure pas moins que l’armée possède les moyens d’imposer sa volonté et que, dans certains cas, des éléments séditieux, professant des idées extrémistes, peuvent s’infiltrer dans l’organisation militaire et influer sur sa culture.

Même s’il est difficile d’évaluer exactement la présence des éléments extrémistes au sein des forces armées, nous allons tenter au cours de ce colloque de faire état des recherches en cours, de présenter des résultats, et de mieux cerner le rapport complexe entre les idées extrémistes et le monde militaire contemporain au sens le plus large possible.

Depuis longtemps, les forces armées ont pour mission de défendre les frontières, les populations et les institutions de leurs pays. Il est par suite compréhensible qu’elles soient attachées au maintien de l’ordre existant. Ce n’est que dans les temps modernes, avec l’avènement des armées révolutionnaires, que l’institution militaire a pu devenir un agent de transformation de la société – pour le pire ou le meilleur. Il y a eu, en effet, des armées animées par des idéaux de gauche lors de la Révolution française, par la suite en Russie et tout au long du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Les armes et l’extrémisme semblent aller de pairs.

Berger, J.M. (2018) Extremism, The MIT Press, Kindle Edition, Cambridge. Meyerfeld, Bruno, Au Brésil, le président, les militaires et l’astrologue, Le Monde, 23 mars 2020, https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/27/bresil-le-president-les-militaires-et-lastrologue_6034665_3210.html

Détails

Date :
23 mars 2022

Lieu

Cégep Édouard-Montpetit, 945 Chemin de Chambly, Longueuil, QC J4H 3M6. Salle A. Lassonde C-30
945 Chemin de Chambly
Longueuil, Québec J4H 3M6 Canada
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