Le dernier numéro de la revue Frontières, publication scientifique spécialisée sur l’étude de la mort, met en vedette l’équipe du CEFIR et constitue l’aboutissement de travaux débutés en 2017. En effet, le projet de ce numéro « Mort et fanatismes », coordonné par le directeur du CEFIR Martin Geoffroy et le co-chercheur Ali Dizboni (Collège militaire royal de Kingston), a fait l’objet d’un colloque organisé par le CEFIR au cégep Édouard-Montpetit en novembre 2017. Le point de départ de la réflexion était l’ouvrage d’Olivier Roy Le djihad et la mort (Seuil, 2016), qui postulait que les djihadistes occidentaux étaient plus motivés par un nihilisme morbide en soi que par le triomphe d’une cause. La plupart des articles du numéro prennent toutefois leurs distances par rapport aux thèses de Roy et montrent la multiplicité des rapports à la mort chez les militants extrémistes. Les contributeurs étudient le phénomène de points de vue disciplinaires et méthodologiques très variés, conduisant à un dialogue riche et fécond.
Le professeur au Collège militaire royal de Saint-Jean et co-chercheur du CEFIR Marc Imbeault analyse le culte de la mort dans le terrorisme contemporain à la lumière des réflexions de quelques philosophes sur le sujet. La psychanalyste et chercheuse associée au CEFIR Monique Lauret aborde quant à elle l’extrémisme contemporain à l’aide de la notion freudienne de pulsion de mort. L’article du doctorant à l’Université Concordia Marc-André Argentino et du professeur d’études théologiques à l’Université Concordia et co-chercheur au CEFIR André Gagné étudie la place de la mort dans la propagande médiatique mise de l’avant par l’État islamique. Le professeur de sciences politiques au Campus Saint-Jean de l’Université d’Alberta et chercheur associé au CEFIR Frédéric Boily revient de son côté sur la controverse à propos de la nature fondamentale du djihadisme qui a agité les études islamiques françaises entre deux figures majeures du champ : Gilles Kepel et Olivier Roy. Isabelle Lemelin, postdoctorante au CEFIR, pose un regard nouveau sur la notion de mort dans le mouvement djihadiste et révèle qu’elle est beaucoup plus complexe que ne le laisse entendre la thèse de Roy. Le directeur du CEFIR Martin Geoffroy présente de son côté une étude de cas du rôle de la mort autour d’une figure de la mouvance survivaliste d’extrême-droite au Québec. Enfin, la doctorante en psychologie à l’UQÀM Gabrielle Roy étudie la torture comme une forme de mise à mort symbolique du sujet.
Ce numéro vient donc clôturer un cycle de recherches au CEFIR sur un aspect à la fois fondamental et controversé au cœur des mouvements extrémistes. Il s’agit également d’une première publication scientifique entièrement mise en œuvre par l’équipe du CEFIR. Plusieurs autres projets de publication sont présentement en cours de réalisation.