Les 16 et 17 novembre dernier, des membres du CEFIR ont participé aux 2e rencontres « religion et science sociale » à l’Université Sidi Mohammed Ben Abdallah de Fès, au Maroc. Cet événement était organisé par la Faculté des lettres et sciences humaines Dhar El Mehraz de l’Université de Fès, en collaboration avec le CEFIR, l’Université internationale de Rabat, Sciences Po Rabat, la Chaire UNESCO d’étude des fondements philosophiques de la société démocratique de l’UQÀM, l’Institut d’études internationales de Montréal, l’Université Hassan II de Casablanca et l’Université privée de Fès. Outre les membres de ces institutions, les journées ont vu la participation de chercheurs espagnols, français et tunisiens. De plus, le colloque se tenait dans le cadre de la Journée mondiale de la philosophie organisée par l’UNESCO. L’événement a donc vu la participation des responsables de l’UNESCO Maroc et une partie des présentations a été retransmise à Paris. La qualité des intervenants marocains et étrangers était remarquable et les échanges qui ont suivi les présentations ont été riches et ont permis de faire avancer les connaissances des intervenants et des nombreux étudiants présents.
Trois membres du CEFIR ont présenté des communications. Le directeur adjoint Louis Audet Gosselin a livré son analyse sur « Le salafisme burkinabè entre le marteau et l’enclume ». Cette présentation explorait la situation difficile dans laquelle se trouve le courant salafiste, un mouvement islamique rigoriste non violent, depuis l’apparition au Burkina Faso il y a quelques années de groupes djihadistes qui se revendiquent d’une lecture de l’islam similaire tout en recourant à la lutte armée. Malgré leurs efforts pour se distancier des djihadistes, les salafistes burkinabè sont pris à partie par des leaders politiques et des parties de la population qui s’opposent à leur doctrine.
Le directeur Martin Geoffroy a quant à lui présenté sur « Les réseaux transnationaux de l’intégrisme chrétien et leurs liens avec l’extrême droite ». Il a montré comment, malgré un discours en apparence laïc et parfois antireligieux, l’extrême-droite québécoise est alimentée par certains aspects de l’intégrisme chrétien dans sa défense exacerbée d’une vision restreinte de l’identité québécoise. Cette présentation a captivé l’auditoire dans un pays où le radicalisme religieux est habituellement abordé en lien avec l’islam.
Enfin, Isabelle Lemelin, nouvelle postdoctorante FRQSC affiliée au CEFIR, a brossé un portrait des discours publics sur les femmes qui commettent des attentats suicides dans « Que trouve-t-on au croisement des termes femmes martyres musulmanes? ». Elle a montré comment le discours médiatique et celui des autorités est teinté de présupposés concernant ces femmes dont l’agentivité est généralement niée. En effet, elles sont présentées soit comme victimes manipulées ou encore comme instables, mais leur violence est rarement abordée de manière rationnelle. Cette présentation posait les bases de son projet de deux ans où elle comparera les militantes martyres palestiniennes à celles liées à la mouvance salafiste-djihadiste associée à Al Qaeda, l’État islamique et les groupes apparentés.
Outre ces présentations, l’équipe du CEFIR comptait Yasmine Bourgoin Roberts, étudiante au Cégep Édouard-Montpetit. Celle-ci a assisté les membres dans la préparation de leurs présentations en plus de mener des entretiens sur le mouvement féministe au Maroc et sur les initiatives de prévention de la radicalisation dans ce pays. Elle a en outre bénéficié d’une expérience exceptionnelle au cours de ce voyage qui l’a conduit à découvrir les villes de Casablanca, de Rabat et de Fès. Elle partagera son expérience avec la communauté collégiale dans un rapport de recherche et dans une conférence publique qui se tiendra à la session d’hiver 2019.
Cet événement a permis au CEFIR de tisser des liens académiques avec des chercheurs très compétents au Maroc et ailleurs, qui permettront d’harmoniser les connaissances et les pratiques en prévention de la radicalisation et en analyse du fait religieux. Il ouvre la voie également à un plus grand rayonnement du CEFIR à l’international.