Avant le 29 janvier 2017, l’attention des médias, du public et de nombreux chercheurs se portait, en matière de radicalisation, presque exclusivement sur le djihadisme. Si cet intérêt pour une mouvance responsable des attentats de Saint-Jean-sur-Richelieu et Ottawa en 2014, ainsi que de plusieurs complots ratés ou déjoués depuis la fin des années 1990, était justifié, on a trop longtemps ignoré une autre menace tout aussi inquiétante : celle issue des mouvances d’extrême-droite. Pourtant, certains spécialistes tentaient d’attirer l’attention sur le phénomène et son potentiel destructeur au Canada, d’autant plus que la menace était souvent minimisée par les autorités (Perry et Scrivens s. d., Parent et Ellis 2016; Tanner et Campana 2014). Le CEFIR, de son côté, a depuis sa création insisté sur la pluralité des radicalismes, toute religion ou idéologie pouvant mener à la violence.

Ces quelques voix ont malheureusement été prémonitoires alors qu’un jeune homme s’est infiltré le 29 janvier 2017 au Centre culturel islamique de Québec et a ouvert le feu sur la foule en prière, tuant 6 personnes et en blessant 8 autres. S’il convient de demeurer prudent sur les motivations du tireur en attendant son procès, il semble acquis que ce jeune homme était fortement attiré par les idées d’extrême-droite. Cet attentat survenait dans un contexte où le nombre et la visibilité des groupes d’extrême-droite était en croissance, renforcés par des années de traitement médiatique de l’extrémisme djihadiste et par une libération de la parole raciste et islamophobe dans certains médias et dans l’arène politique.

Le CEFIR salue donc la mémoire des victimes en ces jours de commémoration et appelle à une poursuite des recherches et initiatives de prévention sur toutes les formes de radicalisation.

Pour en savoir plus sur l’islamophobie, consultez les documents de formation produits par Steve Medeiros, professeur-praticien du CEFIR.

Islamophobie